Lettre des Intellectuel.le.s Congolais.es et ami.e.s au Secrétaire Général de l’ONU
Nous, écrivains, artistes, journalistes, religieux, avocats, médecins, membres de la société civile, chercheurs et professeurs des universités au Congo et dans le monde, ayant pris connaissance de la lettre que des intellectuels rwandais éparpillés sur les différents continents et une poignée de leurs amis étrangers vous ont adressée à propos des tragiques événements dans l’Est de notre pays (cf.genocidealertdrc.org), avons jugé indispensable de joindre ici des précisions utiles dans la recherche d’une solution durable à la crise dans l’Est du Congo.
De prime abord, il apparait clairement que la plupart des personnalités signataires de cette lettre aient, de bonne foi, répondu à des sollicitations insistantes de ses auteurs, dont l’unique objectif était de défendre « leur cause », fut-ce au détriment des principes et des vérités historiques. On se serait attendu, au moins, à ce que les signataires déplorent, en préalable, les faits présents : massacres des populations civiles à Goma ; multiples exécutions sommaires à Bukavu ; destructions des camps des réfugiés ; viols des femmes et jeunes filles ; imposition des sévices corporels dégradants ; exclusion des humanitaires de la zone d’occupation. Aucune condamnation de ces crimes.
Nous ne pouvons qu’être surpris par la volonté manifeste des auteurs de la lettre d’ignorer l’un des principes fondamentaux du droit international : le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, qui fonde aujourd’hui les condamnations de l’ensemble de la communauté internationale face aux violences et violations perpétrées par le Rwanda depuis 30 ans et sa présence sur le territoire de la République Démocratique du Congo. Les auteurs de la lettre justifient même cette violation du principe, en expliquant que le conflit à l’Est du Congo ne devait pas être compris au travers du « narratif unique du risque de balkanisation du Congo et d’exploitation de ses ressources naturelles », mais qu’il est le résultat d’un mélange explosif des tensions sociales et économiques, dont principalement l’exclusion des Tutsi congolais. Pour les auteurs donc, plus que les velléités d’expansion territoriale et l’exploitation des ressources minières, le sort des Tutsi congolais et la présence des membres des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) justifieraient la violation du principe d’intangibilité des frontières par le Rwanda.
Les signataires ont omis d’expliquer en quoi ces actes guerriers et criminels améliorent la situation des Tutsi au Congo. Par contre, un intellectuel tutsi congolais, Alexis Gisaro, de surcroît ministre des Travaux Publiques à Kinshasa, a déclaré clairement, au nom de sa communauté : « Nous n’avons chargé aucun Etat étranger de s’occuper de nous !»
Les attaques répétées du territoire congolais par le Rwanda, cinq au total depuis 1996 à ce jour, ont en effet contribué, de l’avis de tous, à compliquer la situation des Congolais d’expression kinyarwanda. Qu’on en juge par la comparaison de la situation de ces dernières décennies à celle des années antérieures, de la période coloniale aux années 90.
Il est également étonnant de constater que les auteurs de la lettre réduisent l’essence, l’existence et la gouvernance de la République Démocratique du Congo, un pays d’une superficie de 2 345 410 km2, de près 450 ethnies diverses, d’une population dépassant les 100 millions d’habitants, doté d’institutions démocratiques, à un face-à-face, entre l’Etat et ses populations d’un côté, et la minorité tutsi représentant moins d’un pourcent de la population totale, de l’autre.
L’autre approche scandaleuse des auteurs est celle de considérer que l’idéologie et la pratique du génocide tutsi seraient une fatalité et impérativement généralisable ; et que le Congo serait en posture morale, permanente et officielle de s’y livrer. Les Nations unies sont pour cela exhortés « à ne pas répéter les mêmes tragiques erreurs d’appréciation que lors du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994 ».
Monsieur le Secrétaire Général,
Se référant à une étude approfondie de l’histoire de toute la région, la lettre présente l’émergence du M23 comme la « conséquence de la privation systématique des droits humains des Banyarwanda et des Tutsi en RDC ». Au- delà du fait que ces affirmations qui se donnent un caractère aussi scientifique auraient dû être fondées sur des références précises et irréfutables, nous souhaitons relever l’utilisation malicieuse simultanément des termes « Banyarwanda et Tutsi ». Il existe en République Démocratique du Congo, notamment dans le Nord Kivu, des populations parlant le kinyarwanda, composées des Hutu, majoritaires, et des Tutsi. Il relève de l’honnêteté intellectuelle d’indiquer que les différentes rébellions et expéditions punitives conduites par le Rwanda depuis 30 ans ont eu pour unique objectif la défense des seuls Tutsi et que les Hutu congolais en ont été massivement victimes.
Permettez-nous de vous prier de noter ces faits significatifs, démontrant le contraire de ce que l’on s’efforce de vous faire croire :
- En ce moment où sévit la guerre dans l’Est du pays, il existe des Congolais tutsi, membres du gouvernement, du parlement et des institutions publiques congolaises, y compris de l’armée, comme le général Masunzu. Où serait cette haine des Tutsi ?
- Du point de vue historique, la grande majorité des Rwandophones au Congo ont été installés par le pouvoir colonial dans le cadre des initiatives du soutien à l’industrie congolaise naissante (1927) ou, comme geste humanitaire de drainage du trop-plein du peuplement rwandais vers le Kivu (1937-1945, 1949-1955). La veille de l’indépendance du Congo, la loi électorale coloniale du 23 mars 1960 n’a pas accordé à tous ses immigrés et leurs descendances, la possibilité d’être électeurs ; elle n’avait reconnu ce droit qu’aux résidants de plus de dix ans. Pourtant, dès le premier gouvernement en 1960, le Congo indépendant comptait un rwandophone parmi ses membres, en la personne de Marcel Bisukiro, ministre du Commerce extérieur. En ce temps-là où était la soi-disant haine des Rwandophones de la part du peuple congolais ?
- De 1959 à 1994, pendant quatre décennies, le Congo-Zaïre a reçu, accueilli et intégré socialement des contingents de réfugiés tutsi, condamnés à l’exil, fuyant les pogroms rwandais. Plusieurs ont suivi des études dans les écoles et universités congolaises, bénéficiant même de bourses d’études. Ils ont par la suite occupé des fonctions diverses dans les institutions de la République et les services publiques ; exercé des métiers comme hommes d’affaires, avocats, enseignants d’école secondaire ou professeurs d’Université. Le plus connu d’entre eux, Barthélemy Bisengimana Rwema, un ingénieur diplômé de l’Université Lovanium de Kinshasa, fut Directeur de cabinet de Mobutu, de 1969 à 1977, et exerça pratiquement des responsabilités normalement dévolues à un Vice-Président de la République. C’est lui qui géra le dossier de nationalisation des entreprises (zaïrianisation), créant une baronnie tutsie au Congo, particulièrement au Kivu. C’est à lui aussi qu’est attribuée la Loi N°72-002, du 5 janvier 1972, qui stipule que des personnes originaires du Ruanda-Urundi établies dans la province du Kivu avant le 1 janvier 1950 à la suite de la décision de l’autorité coloniale, et qui ont continué à résider depuis lors dans le pays , ont acquis la nationalité zaïroise à la date du 30 juin 1960. En ce temps-là où était la haine des Tutsi ?
- Dans les rébellions mulélistes qui s’organisèrent au Sud-Kivu, les réfugiés tutsi combattirent activement aux côtés des rebelles congolais, comme en témoigne Ernesto Che Guevara dans ses écrits. En ce temps-là où était la haine des Tutsi ? Le révolutionnaire bolivien nota, par ailleurs, à propos de ces populations d’origine rwandaise qu’il a rencontrées dans la région de Fizi, que celles-ci gardaient fermement l’esprit d’attachement à leur patrie d’origine. Auraient-ils une difficulté particulière d’intégration au sein d’autres communautés ?
- Ce sont les immenses privilèges concédés aux Tutsi, à l’ère de Bisengimana, qui finirent par exaspérer la colère des non Tutsi. La montée de leur revendication s’enflammait à mesure que le pouvoir de Mobutu déclinait. S’il n’y a jamais eu de molestation d’étudiants tutsi au campus de Kinshasa, il y a eu, en revanche, la mise à l’écart, à la Conférence Nationale Souveraine, dans le cadre général de ce qui fut à l’époque qualifié de « Zaïrois de nationalité douteuse », des Rwandophones, qu’ils soient tutsi ou hutu. Ce sentiment fut par suite exacerbé du fait que plusieurs Tutsi, considérés comme congolais, apportèrent ostensiblement leur soutien moral et financier à la rébellion contre l’ancien régime du Rwanda et que certains, surtout du Masisi et du Rutshuru, la rejoignirent. Plusieurs cadres tutsi congolais apportèrent eux-mêmes la preuve de cette complicité, en regagnant massivement le Rwanda à la prise de pouvoir par le FPR, en y occupant de hautes fonctions, y compris dans l’armée.
De plus, pendant toute la période allant du renversement de Mobutu, en mai 1997, à l’arrivée au pouvoir de Felix Tshisekedi, en janvier 2019, à l’exception de la petite parenthèse (mi-1998 à janvier 2001) de la brouille entre le Rwanda et Laurent Kabila ayant conduit à son assassinat, les élites tutsi ont été aux commandes réelles de principaux rouages du pouvoir en RDC : service d’intelligence, forces de sécurité et de défense, institutions de la République. Selon la croyance populaire, rien de significatif n’a pu se faire au Congo, en cette période, sans la décision de Kigali.
Il est difficile dans ces conditions de comprendre le discours sur les Tutsi exclus et marginalisés tenu par les signataires de cette lettre. Pourtant, les rébellions du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) et du M23 sont nées, et ont sévi dans le Kivu au cours de cette même période, au motif de défendre ces mêmes populations tutsi.
Monsieur le Secrétaire Général,
Avant d’en venir à la question des FDLR tant exploitée par les autorités rwandaises, permettez-nous, de nous étonner du narratif tendancieux de la lettre qui, dans une tentative de recensement des principales forces sur le terrain, place le M23 au même niveau que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ; elle associe forcément les FDLR aux Wazalendo en leur attribuant, à tous les deux l’idéologie génocidaire. Il aurait été indiqué que les auteurs et les signataires de la lettre vous présentent des faits documentés des violences commises sur les Tutsi par les Wazalendo, faits qu’il serait difficile de dissimuler de par la présence des troupes et services des Nations Unies dans les zones concernées.
Il est surprenant que l’Etat rwandais se préoccupe davantage de la situation des Rwandophones congolais (tutsi) et non des Rwandophones rwandais habitant le Congo, au motif qu’ils seraient des génocidaires. Sous ce concept de FDLR, l’Etat rwandais a décrété la marginalisation de l’ethnie majoritaire au Rwanda, à savoir les Hutu, décimés et massacrés depuis trois décennies au Congo. Dans l’imaginaire populaire créé par le pouvoir rwandais, aujourd’hui Hutu=Interahamwe=FDLR.
Pour rappel, les armées ougando-rwandaises ont massacré systématiquement les réfugiés hutu, au cours des années 1996-97, dans les forêts congolaises au point que certains analystes ont parlé de génocide hutu ayant succédé au génocide tutsi. Le plus marquant a été le massacre de centaine de milliers des réfugiés hutu dans la forêt de Tingitingi, suffisamment documenté notamment par le Rapport Mapping et plusieurs organisations des droits de l’homme, et sur l’enquête duquel les Nations unies n’obtinrent jamais l’autorisation des rebelles congolais de l’AFDL et de leurs soutiens rwandais. L’ambassadeur du Rwanda à l’ONU déclara même, le.3 février 1997 : « Il n’y a pas de réfugiés à l’intérieur du Zaïre, mais 40 000 soldats hutu et leurs familles. » La communauté internationale a préféré oublier ces massacres qui continuent à hanter la mémoire des paysans congolais qui n’avaient jamais vu auparavant des violences de cette ampleur.
Les rébellions rwandaises de RCD, du CNDP et du M23 ont poursuivi cette besogne de 1998 à nos jours. Et, pour en finir avec l’accusation récurrente de complicité avec le FDLR, la RDC, sur injonction de la communauté internationale, avait autorisé l’armée rwandaise à entrer sur le territoire congolais pour faire la chasse des Interahamwe (hutu), de 2009 à 2012, sous le label des opérations dénommées successivement Umoja wetu (notre unité), Kimia I et II (paix), Amani leo (la paix aujourd’hui).
Dans la suite, le Gouvernement de la République a signé en date du 31 juillet 2002 l’Accord dit de Prétoria avec le Rwanda, en présence du Gouvernement Sud-Africain qui en constituait une Tierce Partie. Cet Accord consacrait une donne de réduire sensiblement les FDLR opérationnels sur le sol de la RDC en échange du retrait des Troupes Rwandaises du territoire Congolais.
Plusieurs rapatriements des FDLR et leurs dépendants ont été réalisés à partir de la Base Militaire de KAMINA avec le concours dans Nations Unies à travers son opération de maintien de la paix, la MONUC, devenue plus tard MONUSCO. Notre argumentaire repose sur des dates et faits que vos services compétents pourraient corroborer parce que rien ne s’est fait sans qu’ils ne soient associés. Les voici :
- Le 18 avril 2014 : le Responsable de la force négative rwandaise, FDLR, avait adressé une lettre à plusieurs personnalités du monde pour les informer de leur engagement à procéder à partir du 30 mai 2014, et devant témoins, au désarmement volontaire de leurs combattants présents depuis plusieurs années dans les provinces congolaises du Nord et Sud Kivu.
- Le 2 juillet 2014 à Luanda en Angola. Mandatés par leurs chefs d’Etat respectifs soucieux de préserver les vies humaines, les ministres des affaires étrangères et de Défense nationale des Etats membres aussi bien de la SADC que de la CIRGL avaient décidé d’accorder aux FDLR un délai maximum de 6 mois soit jusqu’au 2 janvier 2015 pour respecter cet engagement faute de quoi, l’option militaire serait déclenchée à l’endroit de leurs combattants qui, à cette échéance, n’auraient pas déposé volontairement les armes.
- Au 02 janvier 2015, le Gouvernement de la RDC ainsi que la MONUSCO, la SADC, la CIRGL, l’Union Africaine et le Mécanisme conjoint de vérification élargie composé des Experts militaires de tous les Etats membres de la CIRGL, témoins du processus de désarmement volontaire annoncé par les FDLR, ont fait le constat que la reddition des combattants FDLR s’est déroulé en trois vagues, de la manière suivante :
- Le 20 mai 2014 : 104 combattants à KATEKU dans la province du Nord Kivu se sont rendus avec 104 armes déposées dont 12 armes collectives.
- Le 9 juin 2014 : 83 combattants à KIGOGO dans la province du Sud Kivu se sont rendus avec 83 armes déposées dont 8 collectives.
- Le 28 décembre 2014 : 84 combattants à BULEUSA dans le Nord Kivu et 67 à BURINYI au Sud Kivu se sont rendus avec, respectivement, 37 et 30 armes déposées dont globalement 11 armes collectives.
Au total,338 combattants se sont rendus avec 254 armes déposées. Ce qui ne représentait que 26 % de l’effectif total de combattants FDLR présents en RDC évalués à 1300 en octobre 2012 par l’équipe militaire d’évaluation, organe mis sur pied à cet effet par le Sommet de Chef d’Etat et de Gouvernement de la CIRGL, et composé d’Experts militaires de cette organisation régionale.
- Le 8 décembre 2016, la RDC a remis sans beaucoup de difficultés Ladislas NTAGANZWA, un chef FDLR, arrêté au Nord-Kivu.
- Le 30 Novembre 2018 : il y eut fermeture des camps de Walungu, Kanyabayonga et Kisangani et rapatriement au Rwanda de tous les FDLR et leurs dépendants soit un total de 1609 combattants rapatriés.
- Septembre 2019 : on a procédé à la neutralisation de Sylvestre MUDACHUMURA et Ignace IRETEGEKA, leaders des FDLR, par une opération conjointe FARDC et Armée Rwandaise
- Septembre 2024 : Alors que le processus de Luanda piétinait, le Gouvernement de la RDC a mis la main sur le chef des FDLR, le général Pacifique NTAWUNGUKA, alias « Oméga ».
De ce qui précède, force est de noter que le Rwanda n’a jamais fait un seul geste de réciprocité malgré la recommandation du 8è Sommet de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre qui s’était tenu à Brazzaville le 19 octobre 2017 à ce propos.
Le plus étonnant est que certains de ces éléments Hutus Rwandais des FDLR, rapatriés au Rwanda, se sont retrouvés à nouveau au Congo, massacrant les populations congolaises et pillant les ressources naturelles. Il y aurait ainsi de vrais et de faux FDLR. C’est au Congo et non au Rwanda que les FDLR ont réalisé le plus de massacres des populations civiles, tout en continuant à servir d’alibis au maintien des régions congolaises entières sous la sphère d’influence du Rwanda.
Monsieur le Secrétaire Général,
Nous soumettons à votre juste appréciation le fait que le M23, condamné par plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, par l’Union africaine et l’Union européenne, ainsi par les Communauté économiques régionales africaines, soit totalement exonéré et blanchi par les auteurs et les signataires de cette lettre.
Nous tenons humblement à rappeler que, ainsi que l’ont attesté plusieurs rapports des Nations Unies, des ONG nationales et internationales, ainsi que des médias, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité se poursuivent de la part de ce groupe armé et de ses soutiens rwandais : des massacres de civils, des violences sexuelles, le recrutement d’enfants soldats, les déplacements des milliers de personnes, etc. Les milliers de morts victimes de l’invasion de Goma (plus de 6000) en témoignent, tout comme une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montrant un soldat rwandais membre de cette expédition se vantant d’avoir violé une religieuse.
Sur la présence des troupes des Nations Unies, nous nous limitons à nous étonner que les auteurs et les personnalités signataires de cette lettre, ressortissants des pays membres des Nations Unies et sollicitant l’intervention du Secrétaire Général de l’ONU, puissent considérer de manière aussi partisane que la MONUSCO « s’est éloignée de sa mission de maintien de la paix en s’associant étroitement à ces groupes armés (génocidaires) ». Nous déplorons le fait que la MONUSCO ait été plusieurs fois visée par les attaques du M23, et qu’il y ait eu des pertes humaines.
Monsieur le Secrétaire Général,
Qu’il y ait un lien plus qu’évident entre ces attaques meurtrières et l’exploitation illégale des ressources naturelles du sol et du sous-sol congolais, le fait est largement affirmé et confirmé, chiffres à l’appui, par plusieurs observateurs, chercheurs et analystes de la situation. Il serait prétentieux voire indécent de le remettre en cause et de faire croire que tous les rapports des Comités des Experts des Nations Unies se seraient trompés. Même le tout dernier rapport démontre que le choix des régions attaquées obéit méticuleusement à des emplacements des sites d’exploitation artisanale des minerais stratégiques.
Il est une autre raison que les signataires de la lettre préfèrent taire, mais qui apparait clairement dans les discours officiels au Rwanda : les visées expansionnistes du régime de Kigali et la volonté de conquête d’une partie du territoire congolais sous le prétexte fallacieux du mythe de reconstitution du grand Rwanda précolonial. Cette ambition, les dirigeants rwandais l’expriment depuis 30 ans. Le 10 octobre 1996 à Cyangugu, Pasteur Bizimungu, à l’époque président du Rwanda, n’a-t-il pas déclaré : « Si nos combattants sont actuellement au Zaïre, ils y sont chez eux ! ». En avril 2023, Paul Kagamé, en visite à Cotonou au Bénin, a à son tour affirmé : Les frontières qui ont été tracées à l’époque coloniale ont divisé nos pays ; une grande partie du Rwanda a été laissée à l’extérieur, dans l’est du Congo. » Sans évoquer le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, adopté au 2è Sommet de l’OUA en 1963,l’existence de ce grand Rwanda n’est reconnue par aucun historien de métier, le royaume du Rwanda n’ayant jamais atteint les dimensions spatiales de l’actuelle République du Rwanda.
Quant à laquestion des réfugiés Tutsi congolais vivant au Rwanda, celle-ci constituerait, selon le discours répété des dirigeants rwandais, l’une des principales justifications (appelées causes profondes du confit) des rébellions et de différentes agressions, car la République Démocratique du Congo serait opposée à leur retour sur la terre natale. La lettre adressée au Secrétaire Général indique pourtant que des milliers de réfugiés Tutsi rwandais « sont condamnés à une vie précaire dans des camps au Burundi, en Ouganda et au Kenya ». L’histoire nous apprend que la Tanzanie, suite à une décision présidentielle, a rapatrié de force en aout 2013, 15 000 réfugiés rwandais, principalement tutsi, qui vivaient dans la région frontalière de Kagera. Il est curieux de constater que le gouvernement rwandais, attaché à la défense des Tutsi, n’ait pas chercher à rapatrier ses citoyens ni n’ait fait la guerre à ses autres pays voisins qui, il convient de le préciser, incluent aussi des populations tutsi.
La vie de ces réfugiés congolais vivant au Rwanda n’est pas non plus des plus aisées. Ceux-ci sont estimés en centaines de milliers par le gouvernement rwandais, mais à 80 000 selon les ONG et 72 000 selon les autorités congolaises. Cinq d’entre eux ont été tués et une vingtaine, blessés par la police, en février 2018 au camp de Kiziba à l’Ouest du Rwanda, lors de la répression intervenue après plusieurs jours de protestation contre la réduction des rations alimentaires.
En mai 2023, un Accord tripartite a été signé entre le Gouvernement de la RDC, le Gouvernement du Rwanda et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés, relatif au rapatriement volontaire des réfugiés congolais vivant au Rwanda. Le Rwanda n’a jamais accédé à la demande de contrôle physique individuel réglementaire par les deux autres partenaires.
Monsieur le Secrétaire Général,
Permettez-nous de conclure.
La solution durable à la crise présente doit effectivement prendre en compte les causes profondes de ces conflits. Ces causes profondes ne sont pas congolaises ; elles sont intra-rwandaises et résident dans l’antagonisme entre Tutsi et Hutu. La Communauté internationale, pourtant consciente de cette réalité, fait semblant de l’ignorer. Pour éviter de se brouiller avec le régime de Kigali qui a su instrumentaliser la mauvaise conscience internationale au sujet du génocide tutsi, celle-ci préfère adopter une posture de complaisance pour faire plaisir au régime rwandais, évitant d’être accusée de négationnisme.
Seule, la vraie réconciliation tutsi-hutu, sur le territoire du Rwanda, serait le véritable point de départ d’une paix durable, la base « existentielle » de la concorde dans les pays des Grands Lacs. La guerre du Kivu n’est que le prolongement d’une interminable guerre rwando-rwandaise sur le territoire congolais, une guerre instrumentalisée à souhait pour des visées expansionnistes et des pratiques maffieuses de commercialisation et de financement de l’économie des minerais, de terres rares et d’exploitations agricoles et forestières.
La communauté internationale et les institutions religieuses, nationales et régionales, devraient prendre le courage d’ouvrir cet épineux dossier pour mettre définitivement un terme à l’actuelle spirale des guerres et des violences. Ramener cette crise à la solution de simples querelles politiciennes au Congo, serait une très grave erreur, comme l’a démontrée notre histoire récente.
Nous vous encourageons, Monsieur le Secrétaire Général, à poursuivre vos efforts de prendre en charge cette épineuse question dans sa globalité, pour l’honneur de l’humanité et la crédibilité des Nations Unies.
La liberte n’a pas de prix!
Que les rwandais rentrent chez eux. Hutu ou Tutsi pour que la paix revienne à l’Est de la Rdc en particulier et au Congo en général. C’est depuis leur arrivée que le pays est déstabilisé. S’il faut même retirer la nationalité congolaise acquise par certains rwandais , il faut le faire pour que la paix revienne. S’il faut proposer des lois pour protéger les congolais et leur terre face à la politique d’occupation rwandaise et ougandaise et même occidentale, il faut le faire. Pourvu que les frontières congolaises soient respectées et que le respect s’impose à l’égard de nos voisins soutenus par les occidentaux. Le Congo restera à jamais aux congolais et ne sera jamais divisé.
Notre Congo restera un et indivisible, non l’hypocrisie occidentale
À mon avis, le problème du Congo Rd n’est pas d’abord ses voisins mais la mauvaise gouvernance et l’incompétence de sa classe dirigeante. Le leader qui est à la tête du pays ne vaut pas la peine d’être là. On retrouve la mauvaise personne à la tête des institutions » pas de mauvaises troupes mais de mauvais dirigeants « .
Qu’on commence d’abord à mettre de bonnes personnes dignes et responsables, des gens honnêtes qui ne vont pas puiser dans les caisses de l’état.
La patrie ou la mort!
Levons la tête longtemps courbée. Nous vaincrons.
Un peuple qui ne se bat pas pour se libérer, sera toujours sous la dépendance. Le grand Congo mérite veut la paix ☮️ et cela doit se concrétiser par l’unité de ses dignes filles et fils.